Dans un contexte marqué par des tensions, le Haut conseil pour le climat (HCC) a émis un appel à “accélérer” la transition climatique dans le secteur agricole, soulignant la nécessité d’une “transformation en profondeur du système alimentaire”. Le rapport du HCC, publié récemment, revêt une importance particulière en pleine crise agricole, alors que les agriculteurs expriment leurs préoccupations concernant la chute des revenus, l’augmentation des coûts énergétiques, les effets de l’inflation, et la complexité administrative.
L’instance indépendante souligne que la révolution nécessaire doit être “juste” envers ceux qui fournissent notre alimentation, en augmentant leurs revenus et en les protégeant des impacts du changement climatique. Ces préoccupations revêtent une importance cruciale, car une partie des agriculteurs français proteste actuellement contre plusieurs problèmes, dont la crise de revenus.
Le HCC met en garde contre les dommages croissants causés par le réchauffement climatique sur la production agricole, citant une estimation de 4 milliards d’euros de pertes en 2022. Avec des perspectives de réchauffement à court terme de +2 degrés et une projection à +4 degrés en France d’ici à 2100, le secteur agricole est confronté à des défis supplémentaires.
Le rapport souligne que la France présente les émissions agricoles les plus élevées parmi les États membres de l’Union européenne, représentant 17 % des émissions agricoles de l’UE. Le secteur agricole est le deuxième émetteur de gaz à effet de serre en France (après les transports), contribuant à 18% des émissions nationales. Les émissions proviennent principalement de l’élevage (59%), suivi des cultures (27%) et des engins, moteurs et chaudières (13%).
Bien que les émissions agricoles aient diminué de 13% entre 1990 et 2021, le HCC souligne que cette baisse n’est pas toujours attribuable à des pratiques plus respectueuses de l’environnement. Par exemple, la diminution des émissions liées à l’élevage est due à la baisse du cheptel, liée aux difficultés économiques du secteur. Pour les cultures, les émissions sont associées à l’utilisation d’engrais.
Le HCC exhorte à une accélération des efforts, soulignant que la France doit atteindre une réduction de 22% des émissions d’ici 2030 par rapport à 2015. Cependant, à mi-parcours, entre 2015 et 2021, la France n’a atteint qu’une réduction de 7,9%. Cette accélération est cruciale, en particulier compte tenu de l’objectif ultime de neutralité carbone en 2050.
Le rapport met également en lumière la part de l’agriculture dans l’empreinte carbone des Français, représentant 22% de celle-ci. L’empreinte carbone alimentaire des Français a diminué au même rythme que les émissions agricoles territoriales entre 2010 et 2018. Cependant, le HCC souligne que les émissions importées liées à la consommation alimentaire ont augmenté entre 2010 et 2018, représentant 46% de l’empreinte carbone alimentaire totale.
Pour le HCC, seule une réforme profonde du système alimentaire permettra d’atteindre les objectifs climatiques tout en préservant les acteurs de ce système. La revalorisation des revenus des acteurs du secteur agricole est un élément clé de cette réforme.