Sur fond de revendications salariales, presque toutes les raffineries de France métropolitaine sont touchées par un mouvement de grève lancé en septembre.
Les grévistes ne cèdent pas. Le mouvement de grève qui touche la plupart des raffineries de France hexagonale a été reconduit, mardi 11 octobre, chez TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, malgré l’appel du gouvernement à suspendre le conflit “sans délai”. Le territoire métropolitain compte sept raffineries, dont une seulement est actuellement épargnée par la grève.
En réponse à la poursuite de la grève, Elisabeth Borne a annoncé, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale, avoir demandé aux préfets d’engager la “procédure de réquisitions des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts” chez Esso-ExxonMobil, où un accord salarial a été conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l’échelle du groupe mais pas dans ses raffineries.
Six raffineries affectées par la grève
Gonfreville-L’Orcher (Seine-Maritime). C’est la plus grande raffinerie de France. Près du Havre, ce site baptisé “Normandie” est le premier du groupe TotalEnergies à avoir été mis à l’arrêt, à partir du 28 septembre. L’entreprise avait alors invoqué “des raisons de sécurité” liées à la grève entamée la veille. Depuis, “il n’y a plus aucun produit fabriqué (…) sorti de la raffinerie et le pipeline qui alimente Paris est également à l’arrêt”, rapportait la CGT, jeudi. Samedi, le syndicat faisait état “de 70% à 90% des équipes” en grève. La poursuite du mouvement a été votée, une nouvelle fois, mardi.
Feyzin (Rhône). La raffinerie TotalEnergies de Feyzin était à l’arrêt, mardi, en raison d’un accident technique, selon l’entreprise. Depuis le début du mouvement, l’activité du site est ralentie, surtout dans le service stratégique des expéditions de carburant qui comptait “100% de grévistes” samedi matin, selon la CGT. “D’habitude, il y a 250 à 300 camions par jour et entre 30 et 50 wagons, là, il n’y a rien qui va sortir”, expliquait alors la CGT.
Châteauneuf-les-Martigues (Bouches-du-Rhône). Près de 200 manifestants ont participé à un rassemblement, mardi, devant la bio-raffinerie TotalEnergies de La Mède, où le mouvement a été reconduit. Que ce soit par camion, train ou bateau, aucun carburant ne sort plus du site depuis la fin septembre. Près de la moitié des 250 employés du site y travaillent normalement dans le secteur de production, désormais à l’arrêt, rapporte Le Monde.
Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Le mouvement de grève à la raffinerie Esso-ExxonMobil de Fos-sur-Mer a été reconduit, mardi, à l’appel de FO et de la CGT, en dépit de la signature d’un accord salarial par la CFDT et la CFE-CGC (majoritaires à l’échelle du groupe, mais pas au sein des raffineries). La mobilisation y a débuté dès le 21 septembre, avec des taux de grévistes “jamais vus” les premiers jours parmi les 300 salariés du site : “100% du personnel posté, 50% des personnels de la maintenance, de l’inspection, de l’administration”, selon la CGT. Depuis, la raffinerie est à l’arrêt.
Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime). Située sur l’ancienne commune de Notre-Dame-de-Gravenchon, cette plateforme Esso-ExxonMobil est perturbée par une grève depuis le début du mouvement. “La plateforme complètement arrêtée pendant 3 semaines, on n’a jamais vu ça dans la société”, souligne la branche locale de FO, qui juge les propositions de la direction “insuffisantes” pour couvrir l’inflation. Comme sur l’ensemble des sites touchés, le mouvement ne fait pas l’unanimité. Lundi, des salariés non grévistes, dont beaucoup de cadres, ont manifesté devant la raffinerie pour réclamer “que les installations redémarrent”, selon la direction. “J’ai peur pour l’avenir du site”, a confié une participante.
Donges (Loire-Atlantique). Située à l’embouchure de la Loire, près du port de Saint-Nazaire, la raffinerie TotalEnergies de Donges avait été brièvement touchée, fin septembre, par le mouvement de grève. “La plateforme tourne au minimum, il n’y a pas d’expéditions ni de réceptions de produits”, rapportait la CGT, le 28 septembre. Depuis, le mouvement avait été levé et le site fonctionnait normalement. Presse océan a révélé mardi que la raffinerie entrait finalement dans la grève à partir de mercredi, 5 heures, une information confirmée par France Bleu Loire océan. “Aucune goutte de produit ne sortira du site à partir de demain”, a assuré au journal nantais Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire de la CGT de cette raffinerie. La CGT y est moins dominante qu’ailleurs, avec 42% des voix aux dernières élections professionnelles, contre une percée de la CFDT à 34%, selon Les Echos.
Une raffinerie en fonctionnement normal
Lavéra (Bouches-du-Rhône). A une trentaine de kilomètres de Marseille, la raffinerie Petroineos de Lavéra n’a connu aucune perturbation en cette rentrée sociale animée. Pour une bonne raison : la direction y a concédé des augmentations de salaire et de prime de déplacements, selon le site Rapports de force. “Les résultats sont tellement bons en ce moment que c’était bien normal”, confirme la CGT locale, qui n’envisage pas de rejoindre le mouvement de grève de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil.